À Tours, le chef du service de gynécologie, le professeur Soutoul, n'est pas favorable à la loi et ne souhaite pas que les femmes décident seules de la nécessité ou non de pratiquer un avortement. Il met d'abord en place une commission hebdomadaire au sein du service de gynécologie-obstérique, qui décide des interruptions de grossesse qui seront pratiquées ou non en fonction des demandes reçues au cours de la semaine précédente. Toutefois, des pressions se font sentir pour que la loi soit appliquée dans le département d'Indre-et-Loire, d'autant plus que la ministre de la santé, Simone Veil, se rend à Tours en juin 1975 pour le congrés national des sages-femmes. La direction de l'hôpital écrit à tous les chefs de service de l'hôpital pour demander qui accepterait de prendre la direction administrative du centre d'orthogénie. Jacques Weill, directeur du laboratoire de biochimie, est le seul médecin à accepter de prendre cette responsabilité car il est très attaché à l'application de cette loi. Le centre d'orthogénie a ouvert le 1er août 1975 dans un préfabriqué à proximité du service de gynécologie-obstétrique, auparavant destiné au service d'ophtalmologie. Jacques Weill recrute alors des médecins vacataires sur la base du volontariat parmi lesquels Roger Floyrac qui a déjà pratiqué des interruptions volontaires de grossesse au Maroc, Philippe Jusseaume, psychiatre, Thérèse Raimbault, médecin gynécologue et membre du Planning Familial, Françoise Diseize, les époux Grangeponte... Le centre d'orthogénie fonctionne pendant quelques années un peu à l'écart du reste de l'hôpital. À partir de 1978, une surveillante, Madame Boisigrard, est chargée de veiller au bon fonctionnement adminisitratif du centre IVG, ce qui ne se fait pas sans tension.