La loi VEIL à TOURS

Face à l'IVG : histoires de couples


Autant d'hommes et de femmes, autant de désirs contradictoires et de destins contrariés … Tous ces récits, histoires tristes ou gaies, nous enseignent l'humilité, car la vie est imprévisible, malgré les termes médicaux qui tentent de mettre un ordre dans le désordre des existences : «interruption volontaire de grossesse», «centre d'orthogénie», «centre de planification» qui, comme le dit avec humour Annick Le Floch, «ne planifie rien, mais enfin il essaie»!


Manifestations et campagnes : Affiche, fonds MLAC, BU Angers, 10AF11


Dessin issu de la Revue : Questions pratiques sur la contraception, fonds MLAC, BU Angers, 10AF17

Indre et Loire, 1979,

Madame,

Je viens d'entendre votre émission de 14h30 le 27 septembre 79. Une personne vous ayant téléphoné au sujet de l'avortement qu'elle avait subie dans de mauvaises conditions.
Je veux à mon tour apporter un témoignage contraire à cette dame car je pense que le témoignage de cette dame peut influencer d'autres personnes. Je viens de subir un IVG et je puis vous affirmer qu'il s'est passé dans les meilleures conditions au CHU de Tours.
Après avoir mûrement réfléchi avec mon ami, nous avons pris cette décision.
Un premier rendez-vous a donc été pris pour un entretien avec un médecin (celui qui a fait l'intervention) il m'a expliqué clairement les différentes étapes de l'avortement 1e la dilatation 2e l'aspiration. On m'a demandé également si je désirais une prémédication (piqûre de valium faite une heure avant l'intervention pour détendre) Le rendez-vous a été pris une semaine après ce jour pour l'intervention. Entre temps, j'ai eu un entretien avec un membre du mouvement pour le planning familial (loi du 17 janvier 1975).
Le jour de l'intervention, je suis arrivée 1 heure avant pour permettre de faire l'injection. Mon ami m'avait accompagné et avait eu l'autorisation d'assister à l'intervention. Au cours de l'intervention, le docteur qui est une jeune femme, m'a souvent demandé si j'avais mal et si je supportais. Cela s'est très bien passé et je puis dire que tout le personnel, (aide-soignante et docteur) a été très gentil avec moi et très accueillant avant, pendant et après l'avortement, ce que je trouve très appréciable dans un pareil cas car un avortement est toujours pénible moralement et physiquement mais fait dans de bonnes conditions, il est très supportable. A aucun moment, je n'ai eu l'impression que l'on voulait me punir et que c'était une faute grave que je commettais.
Si l'avortement est supprimée avec la loi revotée le 20 novembre, les avortements clandestins recommenceront de plus en plus et les incidents seront plus nombreux. Dans les CVIG, il y a une surveillance et compréhension qu'on ne trouve pas dans les avortements clandestins. Peut-être trouvez-vous normal de rendre visite à un médecin et qu'il vous propose sans visite préalable, sans examen de sang, de vous avorter immédiatement. Malheureusement, je puis vous dire que cela arrive fréquemment dans notre ville voisine et qu'il y a malheureusement quelques fois des incidents et ceci est accepté !
Je pense que les femmes doivent être libre de leur corps et faire de celui-ci ce qu'elles désirent mais pas au risque de leur vie.

Indre, 1973,

Madame,

Je suis souvent votre émission [...] Aussi devant un grave problème ! qui se passe pour ma femme et moi même, je viens vous demandez si vous pouvez me renseigner.
Je m'excuse Madame de vous écrire, mai n'ayant pas le téléphone, je ne puis faire autrement ; voici notre cas ! ma femme à 23 ans moi même j'ai 34 ans ; nous avons une fille de 21 moi et une autre de 5 mois. Et voici que ma femme se trouve de nouveau enceinte ; et nous ne voulons et pouvons pas avoir d'un troisième enfant. Nous sommes de simples ouvriers, et en ce moment avec déjà deux enfants, les fins de mois sont très difficiles. Ma femme est prête à tout pour ne pas avoir cette enfant ; et j'ai vraiment peur qu'elle fasse une bétisse. Nous voudrions savoir, si toutefois pour résoudre nos problèmes ; vous pouvez nous donner l'adresse d'une clinique à Paris où ailleurs ; nous avons entendu qu'en suisse l'avortement était plus courant ! est-ce exact ... Nous vous serions très reconnaissant Madame, si vous pouvez nous renseigner à ce sujet au plus tôt.

Dans votre attente ci joint Madame mes respectueuses salutations.


lettre originale adressée à Ménie Grégoire

Archives départementales Indre et Loire, Fonds Ménie Grégoire, 1948-2005
(66J229 : avortement à IVG)


lettre originale adressée à Ménie Grégoire

Archives départementales Indre et Loire, Fonds Ménie Grégoire, 1948-2005
(66J229 : avortement à IVG)